Histoire d’une Église Métropolitaine
L’église de La Madeleine occupe un site exceptionnel : elle domine le faubourg Saint-Honoré et les grands boulevards et a donné son nom à ce quartier de Paris. Fondation royale, elle a été un des éléments du projet d’extension de la capitale vers l’ouest au milieu du XVIIIe siècle et a été conçue pour caler la perspective entre les deux palais de Gabriel de la place de la Concorde. Sa contruction a posé bien des problèmes à l’État et s’est étirée sur plus de quatre-vingts ans.
Avant de devenir la paroisse de l’Élysée et le sanctuaire très international du quartier des affaires, fréquenté par les artistes et les touristes, sainte Marie-Madeleine a été proposée à des usages variés. Paroisse, puis temple commémoratif des héros et victimes de la Révolution, de l’Empire et de la Restauration, le sanctuaire a souffert des hésitations de ses constructeurs. L’esthétique de La Madeleine est équivoque : à cause de ses colonnades, elle ressemble à l’Assemblée Nationale ou à la Bourse; elle est construite sur le même mode néo-classique que le Panthéon des grands hommes; avec tant de statues, elle s’apparante à un musée de sculpture.
Sur son socle monumental, La Madeleine peut décourager le promeneur des boulevards qui hésite à gravir les marches d’un temple qui ressemble à tant d’autres bâtiments publics. La semi-obscurité de la nef et l’absence de chapelles en font effectivement un sanctuaire atypique.
Par tant de marbres et si peu de tableaux, l’amateur rique d’abord d’être déconcerté de ne pas retrouver la diversité d’œuvres d’art des autres églises parisiennes; néanmoins, la somptuosité du lieu s’impose à lui peu à peu.
Uniforme et grandiose, La Madeleine mérite une visite détaillée. L’élan des ordres classiques, la beauté des marbres et la subtile répartition de la polychromie soulignent le parti de l’architecte : un cadre majestueux convenant aux grands rassemblements; pour nous, ceux des Journées Mondiales de la Jeunesse, en 1997, du Jubilé et du troisième millénaire.
Bien qu’achevée il y a moins de deux siècles, l’église de la Madeleine nécessite aujourd’hui de nombreux travaux de restauration à la fois :
- Pour remédier aux désordres structurels qui la touchent, fragilisée par les aménagements souterrain de la place (parking, ligne 14, etc.) et la pollution environnante.
- Pour lui permettre de retrouver l’éclat d’origine de ses décors sculptés, de ses ors et de ses marbres, encrassés au fil des années par la poussière et la suie des cierges.
Sainte Marie-Madeleine, sainte patronne de la paroisse :
Une femme qui s’attacha avec amour à Jésus et le suivit tout au long de sa vie publique.
Les quatre évangélistes mentionnent sa présence à plusieurs occasions.
Des récits légendaires ont complété son histoire.
Marie-Madeleine selon les évangiles
Il semble qu’elle ait commencé à suivre le Christ après qu’Il l’eût guérie : « sept démons étaient sortis d’elle » (Lc 8,1-3). Depuis, elle faisait partie de ce groupe de femmes qui servaient le Maître et les apôtres . Elle est présente au calvaire au pied de la croix avec Marie, la mère de Jésus, et le disciple Jean (Jn 19,25). On la retrouve au tombeau lors de l’ensevelissement. « Le sabbat terminé, Marie-Madeleine, Marie, mère de Jacques, et Salomé achetèrent des parfums pour aller embaumer le corps de Jésus » (Mc 16,1) . Enfin, au matin de Pâques, en allant au tombeau, elle vit la pierre roulée et un ange lui dire : « Soyez sans crainte, vous cherchez Jésus le crucifié, Il n’est pas ici, Il est ressuscité comme Il l’avait dit » (Mt 28,5-7). Elle est donc la première à recevoir la révélation du Christ ressuscité qui lui dit : « Noli me tangere » (ne me touche pas) (Jn 20,17) . Etant envoyée porter la Bonne Nouvelle aux apôtres, elle est appelée par saint Augustin « l’apôtre des apôtres ».
Marie-Madeleine selon les légendes
L’évangile ne parle plus de Marie-Madeleine après la Résurrection. Cependant d’autres textes nous parlent d’elle. Pour fuir les persécutions infligées aux chrétiens, elle quitte la Palestine. Certains disent qu’elle alla à Ephèse où elle mourut et fut inhumée. D’autres, beaucoup plus nombreux, racontent qu’elle partit en barque, accompagnée notamment de Marthe, Marie et Lazare de Béthanie. Leur embarcation échoue aux Saintes-Maries-de-la-Mer (Bouches-du-Rhône). De là, elle débute sa mission d’évangélisatrice jusqu’à Saint-Maximin (Var) et passe les dernières années de sa vie en pénitence non loin de là, dans la grotte de la Sainte-Baume. « Tous les jours, elle était enlevée dans les cieux par les anges et elle y entendait, même avec les oreilles de son corps, les glorieux concerts des troupes célestes » (Jacques de Voragine, XVème) . A sa mort, selon la même légende, « on vit la sainte apparaître avec des anges auprès de son cercueil, et porter au ciel, avec des cantiques, son âme sous la forme d’une colombe » .
Marie-Madeleine et les autres Marie de l’Évangile
Outre Marie, la mère de Jésus, les évangiles parlent de plusieurs Marie. L’Eglise latine considéra à partir du VIème siècle avec le pape Grégoire le Grand que Marie de Magdala ne faisait qu’une avec d’autres Marie d’une part celle qui versa du parfum sur la tête de Jésus (selon Mathieu 26,6-13 et Marc 14,3-9) ou sur ses pieds (selon saint Jean 12,1-8) lors d’un repas chez Simon le lépreux, à la veille de sa Passion. Il s’agirait à chaque fois de Marie, la sœur de Marthe et de Lazare comme saint Jean l’indique. D’autre part, on confondit également Marie de Magdala avec la pècheresse qui parfuma les pieds de Jésus, les couvrit de baisers les mouilla de ses larmes et les essuya avec ses cheveux au cours d’un autre repas chez un Pharisien, également nommé Simon. C’est de cette femme que Jésus dit « Si ses nombreux péchés ont été pardonnés, c’est parce qu’elle a montré beaucoup d’amour. »
Multum dilexit (Luc 7, 36-50)
Cette interprétation n’est généralement plus admise par les différentes Eglises chrétiennes qui distinguent nettement les trois personnages.
Culte et reliques :
La Sainte-Baume et Saint-Maximin :
Ces deux lieux où Marie-Madeleine aurait vécu les dernières années de sa vie conservent ses reliques.
Vézelay :
Au XIIème siècle, les moines de Vézelay opérèrent la translation d’une partie des reliques de la sainte depuis Saint-Maximin où celles-ci, d’après eux, ne recevaient plus les honneurs qui leur étaient dus. Ces reliques sont toujours conservées dans la crypte de la basilique de la Madeleine.
Paris :
L’église de la Madeleine conserve une relique de la sainte provenant de Saint-Maximin. Offerte par Louis XVI à Don Ferdinand, duc de Parme, elle fut en possession de la reine d’Etrurie sous la Restauration. Depuis la consécration de l’église en 1845, elle est proposée à la vénération des fidèles .
Grâce à la générosité des donateurs d’Avenir Paris Madeleine, la Ville de Paris entreprend la restauration de la grille de la table de communion du maître-autel et celle des deux reliquaires de Froment-Meurice ainsi que leurs consoles.
Pendant la durée des travaux, la relique de Marie-Madeleine reste exposée à la dévotion des fidèles à l’autel du Christ Sauveur.